Dans le contexte accélératoire entrainé par notre société du "tout numérique", du "très vite", la répétition des gestes au sein de  chaines de production m'interpelle, comme source possible de création. 
La réflexion menée sur les conséquences de la  Révolution Industrielle concluait à une aliénation de l'ouvrier par les machines capables de suppléer certains gestes que l'on attribuait auparavant à l'artisan, conduisant une partie du savoir-faire à sa perte. 

Aujourd'hui la Révolution Numérique supplée l'homme dans ses opérations de pensée courantes, comme le calcul, l'écriture, etc...Peut-on parler de double aliénation?

Cette question qui se pose n'est pas à relier systématiquement à la mélancolie ni à une forme de néo-romantisme. Pour d'ailleurs sortir de ce courant qui tend à mettre en avant les qualités du génie artistique et à le relier à la figure de l'artiste maudit, il était important pour moi de me soumettre à un processus de création répétitif. A travers cet aspect répétitif, conjugué à la rapidité et l'instantanéité issues de la confrontation de l'infiniment petit et de l'infiniment grand permise par les technologies actuelles , je questionne la capacité de l'homme  à s'extraire de ces processus aliénants et cherche à savoir comment il réintègre sa condition d'homme qui pense et qui ressent. 

J'intègre donc dans ma pratique une confrontation d'échelles, entre le support et l'outil, le protocole de travail incluant plusieurs durées.

Une fois le travail engagé, la durée fait surgir un ailleurs, "une modification" dans laquelle je m'engouffre pour finalement  partir à la recherche d'une  sensibilité enfouie sous l'accélération et la répétition. L'utilisation de titres imagés me permet de résumer le voyage qui s'est opéré au terme d'un protocole parfois contraignant.

J'envisage la création comme point de départ à la réflexion philosophique.