Étudier dans une école d’art est un moment privilégié qui permet de consacrer un temps à la création et un temps à la construction d’un raisonnement. Cette recherche prend ainsi racine dans ma pratique personnelle. J’y cherche à traduire ce qui constitue les enjeux de mon travail tout en prenant position sur ce qui définit plus généralement pour moi le rôle du créateur. Pour ma part, une période d’observation avant, pendant, et après la création est en fait nécessaire. Cette caractéristique est liée à un désir d’inviter le spectateur à adopter une attitude contemplative. En approfondissant cette problématique, j’ai cherché à comprendre le besoin de créer des situations d’observation au sein de ma propre pratique. Comprendre les motifs pour lesquels la contemplation constitue à la fois l’objet mais aussi la finalité de l’expérience artistique à laquelle je m’emploie à donner forme est devenu pour moi primordial. Pour tenter de cerner ce questionnement, j’ai du replacer ma nécessité d’observer dans un contexte : celui d’une société caractérisée par l’accélération. Dans une société de plus en plus rapide, nos perceptions s’accélèrent et nous rendent aveugles. Dans une société où la tristesse et l’ennui deviennent collectifs, je pose la question de l’oeuvre d’art comme contrepoint à l’accélération. Cette interrogation de l’acte créateur implique nécessairement une décomposition pour comprendre la qualité de la relation qu’il est susceptible de réserver. En tentant de comprendre les différentes dimensions relatives à l’intuition, à l’intention et à la sensation contenues dans le processus de création il s’agira de concevoir la création comme vecteur d’une perception authentique du monde. A travers l’observation contemplative nous envisagerons une possibilité de nous re-lier au monde. Enfin, nous discuterons l’esthétique relationnelle des œuvres de ces dernières années, afin de comprendre comment l’oeuvre peut-elle être un vecteur de re-liaison au monde.